1 300 milliards de mots ingérés, une mémoire qui s’arrête net en 2023, et aucun bouton magique pour remonter à la source : c’est sur ce terrain bancal que ChatGPT construit ses réponses. Derrière chaque phrase, une mécanique froide où la traçabilité se fait désirer. Les utilisateurs voudraient croire à une information certifiée, toujours vérifiable, mais la réalité s’avère autrement plus rugueuse.
La sélection des sources avec ChatGPT ne relève pas du hasard, ni d’une garantie automatique de fiabilité. Tout se joue dans la précision des requêtes et dans les limites du modèle. Pourtant, plusieurs stratégies existent pour améliorer le tri et obtenir des informations plus pertinentes.
Plan de l'article
Pourquoi la question des sources est fondamentale avec ChatGPT et l’actualité
Dès que l’actualité s’invite dans la conversation, le choix des sources devient un enjeu majeur. ChatGPT, créé par OpenAI, s’est vite imposé comme un outil de synthèse pour étudiants, professionnels, journalistes ou curieux. Mais derrière l’apparente fluidité, l’intelligence artificielle opère une sélection qui façonne la réalité à sa façon.
En pratique, ChatGPT met en avant les grands groupes médiatiques et les médias internationaux. Les médias indépendants ou locaux, quant à eux, peinent à se faire entendre : ils brillent surtout par leur absence. Résultat : le paysage proposé au lecteur reste dominé par les acteurs historiques et puissants, tandis que les voix plus singulières ou alternatives sont reléguées à la marge. La diversité informationnelle en souffre directement.
Ce filtrage algorithmique appelle à la vigilance. Si la rapidité et la synthèse séduisent, il faut interroger le prix à payer : la pluralité des points de vue et la fiabilité des sources risquent d’en pâtir. Les réponses de l’IA, souvent efficaces en surface, reposent sur un univers médiatique globalisé, majoritairement anglo-saxon, où la sélection influe fortement sur la visibilité des récits.
Voici trois réflexes à garder en tête pour ne pas se laisser entraîner par la facilité :
- Interroger systématiquement l’origine des informations fournies.
- Prendre conscience de l’influence des sources ChatGPT sur la perception de l’actualité.
- Adopter une démarche active : croiser, vérifier, replacer les données dans leur contexte.
Comment repérer si une source proposée par ChatGPT est vraiment fiable ?
Évaluer la fiabilité d’une source dans les réponses de ChatGPT demande bien plus qu’un coup d’œil rapide. Cela commence par l’examen du nom du média, la compréhension de sa ligne éditoriale, de son ancrage géographique, de sa réputation. Les titres majeurs, BBC, Reuters, AFP, AP, reviennent très souvent. ChatGPT les mobilise massivement : plus de huit réponses sur dix citent des médias internationaux, en grande majorité anglo-saxons. Le déséquilibre s’accentue sur certains sujets : les médias israéliens, par exemple, ressortent beaucoup plus fréquemment que les médias palestiniens. Impossible d’ignorer l’impact du paramétrage algorithmique.
Autre difficulté : l’identification claire des sources. ChatGPT, à la différence des moteurs de recherche classiques, cite rarement explicitement : le nom du média se fond dans le texte, le lien ou l’auteur sont souvent absents ou difficiles à retrouver. Les ONG et organisations internationales apparaissent, elles, dans environ 15 % des résultats ; leur légitimité dépend du domaine et du contexte.
Pour mieux évaluer les sources mises en avant, il convient d’être méthodique :
- Identifier le média : jauger sa crédibilité, sa transparence, son expertise sur le sujet.
- Vérifier la diversité : confronter les points de vue, repérer les absences flagrantes.
- Analyser l’origine : repérer la surreprésentation d’acteurs anglo-saxons, la quasi-invisibilité des médias alternatifs ou locaux.
ChatGPT propose parfois l’analyse de fichiers ou la citation de documents : ces fonctions méritent d’être sollicitées, tout en gardant à l’esprit la sélection partielle des acteurs mis en avant. In fine, la source fiable dans ChatGPT reste celle qu’on ne prend jamais pour argent comptant : questionnée, recoupée, analysée pour son indépendance et sa capacité à offrir un regard différent.
Des astuces concrètes pour améliorer la qualité des résultats et des sources
La clé : préciser au maximum sa demande. Une requête claire et contextualisée force ChatGPT à effectuer un tri plus exigeant. Préciser le type de source attendu (presse locale, ONG, média international), voire lister des exemples de médias, permet d’orienter le modèle vers des contenus plus variés.
Il faut faire avec les contraintes du système : pour la recherche en temps réel, ChatGPT s’appuie sur Bing, qui introduit ses propres biais de hiérarchisation et d’indexation. La fonction Deep Research, accessible aux abonnés payants, offre des rapports détaillés et des analyses plus fouillées, grâce à un croisement plus large des sources.
Comparer les résultats de ChatGPT avec ceux d’autres plateformes comme Google Actualités, Perplexity ou DeepSeek R1 ouvre de nouvelles perspectives. Un même sujet traité par ces outils dévoile la richesse, ou la pauvreté, du pluralisme éditorial selon l’algorithme choisi.
Quelques réflexes pour tirer le meilleur parti des réponses :
- Repérer les sources citées : privilégier celles qui affichent clairement le lien, la date de publication, le nom de l’auteur.
- Comparer la place donnée aux médias internationaux avec celle, souvent limitée, des sources locales ou alternatives.
- Effectuer des recherches croisées pour mettre en lumière les oublis ou les angles morts apparents.
Adopter ces méthodes, c’est se donner les moyens de dépasser la surface des réponses, d’aller au-delà des choix des grands groupes médiatiques, et d’élargir la palette des points de vue accessibles.
Explorer plus loin : contenus utiles pour maîtriser ChatGPT et ses sources
ChatGPT ne se limite plus au simple dialogue : il devient agrégateur et moteur de recherche, notamment pour l’actualité, grâce à ses partenariats récents avec des éditeurs comme Le Monde, Axel Springer ou News Corp. Cette évolution façonne la liste des sources : priorité aux contenus issus de ces groupes, visibilité renforcée pour leurs titres principaux. Résultat, la diversité se restreint, le pluralisme se concentre autour de quelques géants du secteur.
Pour s’en servir dans une démarche de veille ou de recherche, il reste nécessaire de s’interroger sur la nature des contenus proposés. ChatGPT va vite, synthétise efficacement, mais laisse souvent de côté les médias indépendants ou locaux. Les professionnels, étudiants ou journalistes doivent systématiquement comparer ses réponses avec celles d’autres agrégateurs ou outils spécialisés tels que Google Actualités, Perplexity ou DeepSeek R1.
Les algorithmes derrière les moteurs linguistiques déterminent ce qui devient visible ou non. Les sources, choisies dans un périmètre restreint et majoritairement anglo-saxon, laissent peu de place aux alternatives. Comprendre le rôle des accords commerciaux, du référencement et des choix stratégiques d’OpenAI, c’est aussi saisir comment se construit la connaissance transmise à l’utilisateur.
Pour mieux naviguer dans ce paysage, voici quelques pistes concrètes à explorer :
- Consulter les guides des plateformes partenaires pour comprendre les circuits de diffusion de l’information.
- Examiner l’origine des sources citées : éditeurs, ONG, médias locaux ou internationaux.
- Comparer les résultats de plusieurs IA génératives pour cartographier les absences et repérer les doublons.
Tant que l’on gardera un œil critique sur la mécanique, et pas seulement sur la réponse, ChatGPT restera un allié précieux… à condition de ne jamais désarmer sa vigilance. Le plus grand risque ? Laisser l’algorithme choisir pour nous ce qui mérite d’être vu.